Je viens de réaliser mon premier shooting pour le compte d´une entreprise locale. Il s´agit d´un cabinet vétérinaire sur deux sites situés dans deux communes différentes, et dont le responsable souhaitait les mettre en valeur pour recruter un professionnel supplémentaire. Le client m´avait déjà sollicité pour un projet personnel, et avait été satisfait de ma prestation. Il m´a donc naturellement proposé de documenter en photo son entreprise. Nous avons convenu d´un reportage de six heures : deux pour chaque site puis deux heures consacrées à prendre des clichés en extérieur dans le cadre de soins en ferme et dans une écurie locale. Ce fût une expérience aussi fructueuse qu´intéressante. D´abord du fait de découvrir l´envers du décor d´une entreprise, mais aussi sur le plan humain. J´y ai effectivement été bien accueilli par les équipes. Merci donc à toi Nicolas pour la confiance, et longue vie à ton cabinet !
Le festival Art Sonic, été 2024. Une fierté ornaise. ils sont électriciens, cuistos, techniciens, ouvriers de production, fromagers, travailleurs sociaux, couvreurs, charpentiers, conducteurs d´engins, chefs de projets, livreurs, profs, soignants, administratifs, bouchers, paysans, artisans, etudiants, retraités, travailleurs sans emploi.. et ils SONT le festival. Quelques centaines de petites mains et de cerveaux dévoués à faire tourner la machine qui accueille quelques milliers de festivaliers. Ils travaillent derrière les scènes, derrières les stands, les bars, les cabines de transaction, dans l´ombre et sans autre dessein que celui de satisfaire en bénévoles tous ces festivaliers, et de faire vivre cette manifestation annuelle depuis plus de 25 ans. Quelques centaines de visages dont il m´a été confié de rendre compte à travers la photo. Quelle chance.
Quel photographe n´a-t-il pas tapé sur Google « comment obtenir un look ciné en photo » ? Et pour cause, même si la pratique est éculée, il semble qu´on souhaite tous s´y essayer à un moment donné. Mais la chose n´est pas aisée pour le profane. D´abord il y a la composition elle-même. L´angle choisi, la focale, le sujet, les perspectives.. tout celà contribue au résultat final, et ensuite seulement le travail colorimetrique vient achever le processus. Ici le livre que tient Pauline vient se présenter en premier plan, ce qui donne malgré la courte distance du sujet, une certaine profondeur à l´image. Le choix d´une focale de 55mm et l´ouverture du diaphragme à 1.8 rend ce premier plan flou, et permet au spectateur de se sentir plongé vers le sujet principal. Cette technique est communément utilisée pour le cinéma, et l´inconscient de chacun d´entre nous, abreuvé de culture cinématographique, vient alors spontanément convoquer cet univers. La source lumineuse (ici une fenêtre hors cadre) vient frapper le visage de Pauline à 45 degrés en contrebas. On obtient un schéma lumineux bien connu en peinture et qu´on appelle « Rembrandt », avec une partie du visage moins éclairé, formant un triangle lumineux sous l´oeil droit, et donnant ainsi du volume au visage. Voilà pour la composition et l´angle choisi. La base indispensable au look cinéma est ici acquise. Reste le plus simple : le travail de la couleur et des tons, ou l´étalonnage. J´ai choisi pour cette scène d´intérieur de mettre du bleu-cyan dans les ombres, du bleu également dans les tons clairs (on le voit sur les pages blanches du livre), et de pousser les tons oranges dans le gris moyen (la peau de Pauline entre autres). Puis quelques réglages mineurs ensuite comme diminuer le contraste et aussi la netteté, viennent achever l´entreprise. Bon film !
On s’était dit« allez, on se fait une séance pour rire ? »
Et puis ce jour d’août est venu, et malgré la confiance et l’estime qu’on se porte mutuellement, bah on balise ! Une première reste un première..
Alors on se prépare. J’ajuste le matériel rudimentaire qui à l’époque me servait de source de lumière, Colyne organise mon salon transformé en studio photo, et Justine cherche des idées de poses sur internet. Elles s’attendent quand même à repartir d’ici avec des clichés de qualité. Et puis la plage les attend, donc on ne perd pas de temps.
Les premiers essais sont balbutiants, hasardeux, mais tout le monde se prête au jeu. On diversifie les poses, les supports, les règlages, et puis finalement très vite nous sommes très investis et davantage productifs. Nous gardons le rythme une bonne heure durant, puis vers midi nous décidons d’arrêter. Les estomacs crient famine, et la plage attend les filles.
Devant nos assiettes pleines, nous sélectionnons ensembles les clichés intéressants. Et déjà les images nous confortent dans l’idée que nous n’avons pas perdu notre matinée : les premiers résultats sont encourageants. A suivre donc avec le post traitement.
Les filles se font dorer la pilule sur la côte, et je passe mon après midi enfermé à travailler les images, faire des choix de développement, de colorimétrie, etc. Je suis satisfait. Tellement satisfait que je leur envoie aussitôt les premières photos traitées. Elles sont ravies, et moi aussi.
Plus tard ces portraits ont trouvé leur place sur mon site internet, et certains ont fait l’objet de tirages photos encadrés, et de cadeaux de Noël. La finalité de la photographie reste le tirage papier, nous en reparlerons dans un prochain article.
La « séance pour rire » est donc devenue « Première séance portrait » pour ma part. Je ne l’oublierai pas.
En portrait, on cherche à représenter une personne et à mettre en évidence un aspect de sa personnalité. Différents angles d’approche sont possibles, et au delà d’une photo frontale en cadrage américain ou de plein pied, on peut expérimenter beaucoup de choses.
Ici on pourrait qualifier cette photo de portrait « non-conventionnel ». En effet le cadrage s’émancipe des contraintes habituelles du portrait et embrasse des formes différentes. On peut ainsi mettre l’accent sur un trait ou une expression singulière.
En photo comme dans d’autres disciplines, on ne peut pas tout raconter. Et un individu ou un sujet recèlent une multitude de caractéristiques et d’attributs individuels particuliers. Il faut choisir ceux que l’on souhaite révéler.
Le regard et le rictus de Pauline ici sont mis en avant, et d’autres aspects de son visage et ce qu’ils renvoient sont ainsi éludés. Ce cadrage non-conventionnel permet de mettre en évidence une expression qui la caractérise particulièrement. Pauline parle peu mais bien. Elle va droit au but et ne s’embarasse pas avec les protocoles langagiers. A mons sens ce portrait le met en évidence, et les personnnes qui la connaissent devraient je l’espère, retrouver sur cette photo ce trait particulier de sa personnalité.