LE PROPOS PHOTOGRAPHIQUE

On peut définir brièvement le propos photographique ainsi : c’est la raison pour laquelle le photographe a choisi de capturer une scène particulière. Et il doit être au coeur de la composition, sans quoi on propose une image molle et dénuée d’intérêt social. Soyons clair, on propose tous des images molles, ordinaires et sans ambition narrative. Mais ce qui fait qu’une photographie percute au delà des performances techniques qui lassent, c’est l’invitation à penser, à ressentir, à goûter. C’est en tout cas ce qui m’anime dans la pratique de la photo : la recherche du cliché ultime (que personne n’atteint jamais). Du cliché qui frappe, qui montre, qui raconte et qui cherche à questionner à coup de marteau.

A mon sens la photo se distingue de la littérature ou bien de la musique en racontant autrement, avec une esthétique et un langage qui lui sont propres. Et puis la photographie en dit moins, et c’est une de ses forces. Mais à travers quel prisme donc ? La composition. Le choix de l’angle, de la perspective et de la mise au point guide le regard du spectateur, et devient une forme de langage. La composition, c’est l’outil employé par le photographe pour stimuler la réflexion, provoquer une émotion. Parfois c’est le hasard d’un cadrage qui produit une image éloquente. Mais si on veut produire ce type d’image en grande quantité, alors il faut perfectionner et affiner ses compositions. Il faut réflechir à ce qui fonctionne dans une image, et aussi à ce qui fait défaut. Et plus les échecs et les leçons tirées se multiplient, plus la vigilance dans le cadrage et l’intention narrative s’imposent. Il faut une vie pour devenir Joel Meyerowitz, mais quelques mois de pratique intensive suffisent à affiner son style et commencer à se faire plaisir. Je vous y invite.